Histoires d’infirmières
Je fais partie de l’équipe infirmière depuis bientôt un an chez Santé Cannabis. Auparavant, je n’avais aucune connaissance sur le cannabis en particulier, bien qu’il ait été légalisé au Canada il y a déjà 3 ans et que le cannabis médical est légal depuis plus de 20 ans. Mon manque de savoir dans le domaine n’est pas unique – de nombreux professionnels de la santé ressentent la même chose et espèrent que davantage de recherches permettront de consolider ce que nous savons sur le cannabis médical. Au fil du temps et à travers ma pratique clinique et ma participation dans la recherche, j’ai trouvé assez impressionnant de voir à quel point le cannabis médical peut améliorer la qualité de vie de nos patients. J’ai appris beaucoup et continue d’en apprendre plus à tous les jours.
C’est très gratifiant de se dire qu’en tant que membre d’une clinique de recherche, nous collectons des données pertinentes à l’avancement et au développement de la recherche sur le cannabis médical. Ces données peuvent démontrer les différences de l’efficacité et des effets secondaires des traitements à base de cannabinoïdes, ce qui nous permet de mieux comprendre et de créer des plans de traitements efficaces. Je remarque aussi que nos recherches favorisent l’ouverture d’esprit de certains professionnels qui en connaissent très peu à ce sujet et ont tendance à avoir des réserves par rapport à ce type de traitement en raison du peu de données probantes disponibles. En revanche, on observe une tendance selon laquelle les mêmes médecins nous réfèrent des patients de façon répétitive, probablement car ils sont encouragés par les résultats obtenus.
Le cannabis médical est un domaine où l’on traite nos patients de façon assez polyvalente. La majorité des patients nous consultent dans le but de soulager la douleur chronique, selon son étiologie. Nous travaillons aussi dans le volet de santé mentale qui, disons-le, a pris de l’importance en raison de la pandémie actuelle. Chaque patient a un plan de traitement bien personnalisé dans le but de réduire ses symptômes.
Récemment, j’ai même pu observer un cas pédiatrique assez intéressant. Nous ne voyons pas beaucoup de mineurs, mais nous avons quelques cas isolés pour lesquels nous travaillons en étroite collaboration avec leurs médecins, et tenons compte des contre-indications et procédons avec prudence. Mon patient pédiatrique Liam*, s’est présenté avec un cas sévère du syndrome de Gilles de la Tourette, qui provoque une longue série de symptômes associés. Il présentait des tics vocaux, de l’hyperactivité, des spasmes généralisés, de l’agressivité ainsi que des épisodes d’automutilation.
Liam a eu la chance d’avoir des parents incroyablement impliqués qui ont continué à chercher des solutions pour leur fils. Lors de son dernier suivi, sa mère était émue de me rapporter l’évolution de son fils. Ce n’est pas facile de vivre avec ce type de syndrome et les traitements pharmacologiques sont assez restreints. Durant la rencontre, elle m’expliquait que son fils avait pu réduire considérablement sa liste de médicaments, dont plusieurs n’étaient pas très efficaces. Le traitement à base de CBD que nous lui avions proposé (molécule de cannabis nommée cannabidiol) lui procurait une amélioration significative de son état global. Et selon ses enseignants, son trouble de comportement était nettement moins important et ses périodes en classe plus harmonieuses. On notait une diminution de ses élans d’agressivité et d’impulsion, l’absence d’idées noires, un sommeil adéquat et plus paisible ainsi qu’une réduction de ses spasmes. Ces changements ont été grandement appréciés par Liam, et par ces proches.
Certes, le cannabis ne l’a pas guéri et nous ne nous attendons pas à ce résultat. Cependant, je suis fière de dire qu’on a pu lui fournir les outils et le soutien complémentaires et nécessaires pour améliorer sa qualité de vie. Nos médecins travaillent main dans la main avec les spécialistes de Liam afin d’assurer la qualité du suivi et ceux-ci se sont montrés satisfaits de l’efficacité du traitement établi.
*Les noms ont été modifiés pour protéger l’identité de nos patients.
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Auteur : Laura Libralesso